Il est temps d’économiser le sol en Afrique

L’extension des villes africaines exerce une pression sur les ressources naturelles en commençant par la consommation des espaces. A pareille allure, l’heure est sans doute à l’optimisation de la densité urbaine en Afrique.

L’optimisation des espaces est tout l’enjeu des villes compactes. La densité de l’habitat favorise une meilleure gestion de la ville. La priorité est donc d’accroitre la « qualité de ville », plutôt que d’exporter le style de vie urbain extramuros. Les villes africaines devraient, dès lors, intégrer l’optimisation des espaces comme essentielles à un urbanisme renouvelé. Plus durable et résolument « bienveillant ». De cette densité pourrait (re)naître la mixité sociale, laquelle se délite à mesure que les villes repoussent leurs limites.

Au cœur de cette problématique gisent des réalités qui imposent un nouveau regard sur les enjeux. Il faut réduire la surconsommation, l’autonomie et l’extrême mobilité, croissantes en Afrique. Car la « sobriété » si chère au développement urbain durable paye mieux sur la durée. Le propos paraît certes intéressant dans l’idée, mais renferme des spécificités à discuter dans le contexte continental, spécificités qui feront l’objet d’une prochaine parution. Mais il importe de retenir que densifier les villes africaines c’est réduire l’étalement urbain sans altérer le paysage. Ainsi, on n’affecte pas les efforts, lorsqu’ils existent, de préservation ou d’intégration de la nature en ville. Par ailleurs, la densité de l’habitat est une condition vitale au développement correct et efficace des politiques de transports plus favorables aux transports en commun, lesquels sont essentiels à la réduction des émissions de GES en milieu urbain.

Complexifié en Afrique par des considérations socioculturelles, le sujet nécessite un espace de réflexion dédié, il est vrai. Toutefois, l’usage de la voiture est réduit dans une ville dense et fonctionnellement mixte. Ce n’est pas le cas dans les villes africaines actuelles. Il en résulte un surplus en carburant nécessaire aux distances supplémentaires dans les parcours quotidiens. La densité urbaine est donc favorable à une meilleure empreinte écologique de la ville. Elle a par ailleurs des effets positifs sur le revenu des ménages, en cas d’usage des transports en commun. Les dépenses publiques peuvent également s’en trouver ménagées du fait de la limitation des extensions des divers réseaux, même si une somme d’infrastructures est nécessaire au préalable. Quid du métro d’Abidjan ?

Pour lutter contre la pauvreté et la ségrégation induites par l’étalement urbain, la gestion de l’espace permet de consolider l’identité des territoires. Elle renforce les relations entre les cohabitants d’un même espace et consolide leur lien avec leur territoire. Les politiques de la ville se doivent désormais d’être plus exigeantes. Elles doivent transformer les outils de planification techniques et financiers en armes de lutte contre l’étalement urbain. L’aménagement doit ainsi faire des équipements collectifs, entre autres, les incontournables de sa réalisation. Pour l’avenir. Car l’espace est un précieux capital, d’autant plus recherché qu’il se raréfie.

Beaugrain Doumongue

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