La nécessaire validation des partenaires en Afrique

L’ambition première de toute entreprise, hormis le profit, est la croissance et l’expansion. Le déploiement à l’international et la conquête de marchés extérieurs passe alors et bien souvent par le choix de partenaires. Cela facilite la mise en œuvre au niveau local des stratégies commerciales.

Quelle que soit la nature du partenariat envisagé, une étape cruciale s’impose, sous la forme d’une « validation des partenaires » ; un préalable incontournable et nécessaire à la prise de décision et à la formalisation concrète desdits partenariats avec pour but, une minimisation maximale des risques. En effet, l’environnement des affaires, étant souvent sujet à un certain nombre de pratiques malsaines, spécifiquement du point de vue de la corruption sous toutes ses formes ; tout partenariat qui s’opère sans avoir fait l’objet de vérifications approfondies de chacune des parties prenantes, expose à des éclaboussures qui peuvent être financières ou réputationnelles et même relever de poursuites judiciaires. Dès lors, la notion de risque s’adosse à des enjeux de taille et la nécessité de la minimiser au profit du succès des opérations trouve tout son sens.

Il va donc sans dire que des études d’intégrité et d’honorabilité s’imposent pour apporter une connaissance pointue des partenaires, et évaluer leur fiabilité et leurs compétences afin d’une part de répertorier, cartographier et définir l’ensemble des risques inhérent à une entrée en relations d’affaires ; et d’autre part, de prendre les mesures visant à se protéger des retombées éventuelles qui pourraient découler d’un scandale. Entre les « pourboires » et le « consulting offshore » en passant par les « cadeaux », les « pourcentages », et les « aides »; les pratiques occultes des entreprises doivent être vérifiées et élucidées avant tout engagement formel, au travers d’opérations minutieuses de contrôle comptable et d’audit compliance pour certifier les comptes, évaluer les processus compliance et s’assurer de l’éthique et du niveau de perméabilité du partenaire face notamment au phénomène de corruption. Cela passe par la collecte d’une pléiade d’informations et de documents à analyser, et par la mise en place d’un suivi régulier visant à mettre à jour ces informations même après une entrée en partenariat. C’est au gré de cette activité que la visibilité s’éclaircit, que les incertitudes peuvent être levées et les risques identifiés, et anticipés.

Dans son rapport « Indicateurs de développement en Afrique 2010 » publié le 15 mars 2010, la Banque mondiale a estimé que les pertes annuelles de l’économie africaine s’élevaient à 200 millions de dollars du fait de la corruption, soit environ 25% du PIB du continent. Eu égard à cette tendance toujours d’actualité, et compte tenu de l’overdose d’attention dont bénéficie le continent africain ; les opérateurs économiques africains, sont constamment appelés à entrer en relation avec des internationaux. La qualification des partenaires, n’a donc jamais été aussi indispensable sur ce continent, car la bibliographie n’est malheureusement pas exempte de scandales qui auraient pu être évités si la « validation des partenaires » était un crédo dans toutes les organisations en Afrique. C’est le cas de la joint-venture TSKJ (impliquant le français Technip avec l’italien Snamprogetti, l’américain KBR-Halliburton et le Japonais JGC Corporation) épinglée en 2011 par une opération conjointe de la Security and Exchange Commission (SEC) et du Department of Justice (DOJ) des Etats Unis, pour avoir versé environ 180 millions de dollars de commissions occultes à des responsables de l’administration publique nigériane entre 1994 et 2005, pour l’obtention de 4 contrats EPC (Enginering, Procurement & Construction) d’un montant de 6 milliards de dollars.

Pour éviter ces situations, les investisseurs qui visent des contrats et/ou partenariats en Afrique ont besoin de se faire accompagner et conseiller. Une équation à la solution simple : ils doivent faire recours à des cabinets spécialisés en due diligence sur les marchés africains. Cela est aussi valable pour les Etats et les opérateurs économiques locaux qui, lorsqu’ils entrent en partenariat avec des internationaux se retrouvent face à une question pour le moins épineuse : comment s’assurer de la solvabilité de leurs futurs partenaires ?

Au-delà de ce réflexe essentiel, les entités susmentionnées sont appelées à s’inscrire dans une dynamique vertueuse. A cet effet, elles doivent mettre en place, des audits internes réguliers, des codes éthiques, des process de due diligence et de gestion des intermédiaires mais aussi et surtout des sanctions. Toutefois, il n’en demeure pas moins que l’homme reste au centre de toute organisation. A ce titre, aucun horizon ne saurait être atteint si les hommes qui portent cette ambition agissent de manière incohérente avec la logique qu’ils poursuivent.

La formation et la sensibilisation massives des employés, qu’ils relèvent du secteur public ou du privé revêtent un caractère pertinent à ce niveau et devraient produire des résultats significatifs dans l’ultime but de construire des coopérations saines, fructueuses et durables. Osons-les au profit d’une économie africaine plus performante !

Beaugrain Doumongue

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