L’Afrique dans une aventure climatique ambiguë

Le CO2 atmosphérique est passé de 280 parties par millions (ppm) en 1850, au début de l’ère industrielle, à 400 ppm en 2014 et 412.89 ppm en novembre 2020. Or sur les 800.000 dernières années, ce niveau n’a jamais excédé les 300 ppm.

Des chiffres têtus

En un siècle, les océans ont connu une élévation de 20 cm et la température mondiale, de 0.85 °C ; au point que l’on estime qu’au rythme actuel, la banquise arctique aura disparu à l’horizon 2050 ; ce qui ne sera pas sans conséquences sur le climat mondial, eu égard à sa capacité d’absorption et de réflexion d’une grosse partie du rayonnement solaire, qui alors, sera directement transmise à l’océan.

Une insouciance

Aujourd’hui encore, les efforts et foisonnements intellectuels de nombreux savants et chercheurs tels que Joseph Fourrier (auteur de la première théorie de l’effet de serre), John Tyndall (démonstrateur des propriétés et du fonctionnement des gaz dits à effet de serre) et Svante Arrhenius (Prix Nobel de Chimie 1903, pour ses travaux sur les liens entre croissance du CO2 et réchauffement planétaire), résonnent forts. Car, en effet, leurs travaux permettaient déjà de prédire le climat actuel, devant la montée en puissance de l’industrialisation. En 1979, le rapport Charney vient tirer la sonnette d’alarme : « Nous avons la preuve irréfutable que l’atmosphère change et que nous contribuons à ce changement ». Une trentaine d’années plus tard, en décembre 2009, pour les 30 ans du rapport Charney, Raymond Pierrehumbert, titulaire de la chaire de géosciences à l’université de Chicago, lance : « Rien, dans toutes les connaissances acquises depuis trente ans, n’est venu contredire les conclusions du rapport Charney ».

Une bataille mal partie

Devant l’attitude humaine, une question reste pendante : l’homme a-t-il échoué dans la bataille climatique ? Car rien ne porte à croire que la prise de conscience, à tous les niveaux, et surtout à l’échelon politique africain soit totale et à la hauteur des défis de l’heure. L’action politique, centrale de par sa capacité à mettre en branle des initiatives engagées, reste suffocante. On est alors en droit de s’interroger sur l’usage qui en résulte dans les faits en termes de mesures concrètes d’atténuation ou d’adaptation aux réalités climatiques. Car celles-ci, loin d’être bénignes, pourraient dégénérer dans les années à venir, comme le prédisent les chiffres. Si tout porte à croire que la bataille est mal partie, l’urgence quant à elle, ne s’en trouve que davantage accentuée.

Le défi d’un siècle

L’action insuffisante ou stérile porte en elle les germes de la paralysie et décroit quotidiennement les capacités de résilience de tout un continent, devant ce qui est déjà le défi d’un siècle et de nombreuses générations. En effet, les propos de Winston Churchill, seraient bienvenus à l’heure des changements climatiques : « le temps des atermoiements, des demi-mesures et des remèdes lénifiants touche à sa fin. Voici venu le temps des conséquences ».  Devant ces conséquences, le continent africain reste attendu sur le pont. La prise de conscience, otage de notre insouciance, a des convictions à conquérir autant que l’action politique reste à costaudiser. Il faut prendre le bâton de pèlerin.

Beaugrain Doumongue

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