L’arbre, un défi pressant pour les villes africaines

La désertion paysagère qui impacte les villes africaines est une inquiétude qui presse les Etats de rehausser leurs exigences en la matière. Car une ville sans arbres est une fournaise en sursis.

Le paysage doit occuper une place de choix parmi les exigences des aménagements urbains en Afrique. Au regard du contexte actuel, d’importants efforts restent à fournir pour des aménagements paysagers plus conséquents dans les villes africaines. La nature et le vivant sont nécessaires pour végétaliser les villes et réduire le stress des citadins. Aussi vrai qu’ils procurent la sensation de vivre dans un univers paisible et sain.

Un défi et une solution

Le défi de l’arbre est le défi des villes africaines. Les arbres favorisent la dépollution, atténuent les bruits et agissent fortement sur le microclimat urbain. Ils ont un effet protecteur, absorbent et réfléchissent l’énergie solaire, agissent sur la vitesse et la direction des vents, modifient les conditions de température et d’hygrométrie, principalement en climat chaud. Les arbres rendent la ville attractive et vivable. Ils contribuent à la qualité perçue de l’espace urbain, car abattent le sentiment de densité urbaine et offrent à regarder la beauté du vivant, du naturel.

Il est documenté que le manque d’arbres en milieu urbain peut être extrêmement couteux à la communauté. Parce que les arbres sont d’un intérêt particulier pour la régulation du ruissellement dû aux pluies, outre leur effet sur le contrôle de la pollution atmosphérique. Leur absence implique donc la réalisation de nombreuses infrastructures. Par ailleurs, l’impact des arbres, en termes de consommation d’énergie est également loin d’être négligeable.  Autour des habitations, ils réduisent les niveaux de température grâce à l’ombre qu’ils procurent, et de fait, les besoins en climatisation. Les arbres représentent ainsi un actif tangible pour les villes et constituent à ce titre un véritable impératif pour les villes africaines : celui de créer et d’entretenir un patrimoine vert.

Un applicatif nécessaire

Les arbres devraient ainsi faire l’objet d’une intégration parfaite dans les plans d’urbanisme pour conditionner leurs usages et leur protection. Des chartes de l’arbre sont d’ailleurs édictées dans de nombreuses villes occidentales pour imposer des règles à prendre en compte quant à leur respect et à leur préservation. Les politiques doivent être plus claires et strictes pour encadrer convenablement la gestion de l’arbre, des forêts et des aires protégées en Afrique, en faisant par exemple usage des leviers digitaux pour assurer le suivi sur du long terme.

De même, les écosystèmes forestiers abritent de nombreuses espèces qui devraient pouvoir être dotées de marges de manœuvres afin d’asseoir une réelle adaptation à l’heure des changements climatiques (reproduction et régénération). Devant les balbutiements des politiques forestières africaines, il est temps de définir de nouveaux scénarios pour garantir le développement du couvert végétal, valoriser ce potentiel dans les différentes sphères des villes et en faire un levier structurel de développement des quartiers, voire de l’identité urbaine des quartiers.

Les espaces verts et les espaces naturels doivent être une partie prenante précieuse du développement urbain, pour toutes les raisons soulevées plus haut. Toutefois, cela exige qu’une attention particulière soit portée aux sols dont la protection est nécessaire, au même titre que la gestion de l’eau par exemple, pour assurer le développement des végétaux et donc leur capacité à servir la communauté. Vive l’arbre, pour que survivent les villes africaines.

Beaugrain Doumongue

 

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