Dans le grenier de potentialités du continent africain, repose sa jeunesse. Elle représente ses meilleures opportunités dans la vision de son avenir, et ce, en toute légitimité, car en elle gisent des promesses multiples. Comment donc forger le jeune africain dans le nouveau monde ? Quel rôle pour l’information dans ce processus ?
La jeunesse d’Afrique a besoin d’être canalisée et forgée. Elle a besoin d’être orientée et décomplexée pour déployer son plein potentiel, car son essentiel est de « devenir ». Afin de révéler sa bravoure, sa détermination et son aspiration au succès, au sens du milliardaire Tony Elumelu ; le jeune africain doit sortir des sentiers battus et devenir un entrepreneur de sa vie. Cela suppose qu’il doive comprendre le monde dans lequel nous vivons, un monde aux mutations bouillonnantes, complexe à tous les points de vue.
En effet, un individu sur trois sera africain en 2100. Il convient d’affirmer que l’Afrique fait face à un contexte démographique extrêmement évolutif. Cela traduit une urgence réelle, sachant qu’en Afrique de l’Ouest et du Centre, les moins de 25 ans représentent déjà 64% de la population, une classe d’âge frappée par un chômage moyen de 60%.
Au-delà de ce regard sur les difficultés d’accès à l’emploi, les déficits infrastructurels et énergétiques que connait l’Afrique restent énormes. Considérant par ailleurs, les défaillances de l’administration publique, les barrières à l’entrée qui découragent les initiatives entrepreneuriales, l’inadéquation du système éducatif aux besoins réels de nos pays, les nombreuses et diverses problématiques/menaces de gouvernance, d’Etat de droit ou de politique intérieure ; il devient aisé de donner du sens et des justifications au désarroi du jeune africain. Il se retrouve ainsi à devoir trouver des réponses à de nombreuses questions devenues des angoisses existentielles. Une situation qui l’amène peu ou prou à perdre confiance dans les infinies possibilités offertes par le continent. Naissent alors des rêves d’Eldorado, un Eldorado qui désormais, se trouve outre-mer et non plus chez soi.
Comment donc représenter la jeune génération dont l’Afrique a tant besoin ? Une qui symbolise réellement l’avenir dont rêve le continent ?
Cette jeunesse dont on attend d’elle qu’elle affronte avec grâce, hardiesse et minutie, les nombreux défis qui talonnent notre époque, ne saurait véritablement s’exprimer qu’en rompant les chaînes de l’espérance pour mettre en œuvre sa volonté, le désir qui gît au plus profond d’elle de s’exprimer et de s’épanouir.
La vraie question de cette problématique demeure l’information, véritable clé du succès pour la jeunesse africaine, terreau de tous les espoirs. En effet, l’information offre au jeune, les clés de lecture du monde actuel, condition sine qua non pour forger efficacement son avenir.
A la fois pour déconstruire les influences qui conditionnent négativement l’image perçue de l’Afrique par une partie de sa jeunesse, et pour enraciner ses convictions dans les possibles de ce continent ; l’information qui est adressée au jeune africain doit non seulement lui montrer tout ce que l’Afrique a de beau à offrir mais aussi lui désigner son rôle à jouer dans la trajectoire que prendra le continent au niveau mondial.
Si comme l’affirmait Michel Camdessus « l’Afrique est la nouvelle frontière de la croissance mondiale ». Négocier le meilleur virage pour son avenir revient aussi et avant tout, à éviter que le jeune africain soit le dernier à croire en son continent. Ceci passe inéluctablement par le développement d’un sens critique ; un passage à la lucidité qui amène à marquer des ruptures avec le statu quo et provoquer le changement que l’on souhaite voir se produire.
Toutes les initiatives et toutes les dynamiques visant à positionner la jeunesse au cœur des enjeux de développement africains, n’auront de sens et ne connaîtront de succès, au-delà du discours, que si le jeune africain vit en équilibre avec son environnement, un environnement qui lui soit lisible, d’où la nécessité de développer une vigilance et une capacité d’analyse et d’observation pointues. Car la jeunesse est un art, comme disait Oscar Wilde. En Afrique comme dans le reste du monde elle est source de belles fortunes. Si l’on croit avec Socrate que rien ne lui est trop difficile, il n’en demeure pas moins que sa suprême expression reste subordonnée à un (re)gain de confiance qui repose dans son information.
Beaugrain Doumongue