Questionner l’humain contemporain

Les conditions sociale et sociologique de l’humanité contemporaine nous imposent des vies effrénées, où le rythme cesse d’être une simple cadence pour devenir la substance de toute chose. La course de l’homme à ce qui se révèle souvent n’être que du superflu, l’a-t-elle à ce point conduit à se détourner de l’essentiel ?

Saurait-on réellement décrire « le mode de vie » classique de l’humanité actuelle sans en déduire qu’il s’agit de l’évolution naturelle de l’homme à travers les âges ? Que nenni. Mais la moitié de la population mondiale, confinée pour se protéger il y a deux ans, s’est redécouverte une dimension parfois insoupçonnée et aperçoit depuis, avec plus ou moins d’acuité (en fonction du sentiment d’assujettissement aux situations de crises), les limites de ce que le cours des choses a érigé en un référentiel dont il serait osé d’imaginer qu’il entraine une mutation profonde des sociétés. Pourquoi ? Parce que les hommes sont faibles.

Les hommes sont faibles, mais…

Il reste tout de même que l’humain ne doive capituler, au moins devant la nécessité d’espérer. Car de l’espoir et du pragmatisme pourraient naître la préfiguration d’un nouveau référentiel. Libre à nous. Cela est acquis et la lucidité permet de le construire. Mais le nombre, la masse nécessaire pour tendre vers la solution reste encore ce qui ressemble le mieux à un horizon inatteignable. Ici git le point de décrochement de toute œuvre qui appelle à la mobilisation massive de l’humain. Quand la moisson est abondante, les ouvriers sont peu nombreux.

On est alors tenté de se demander s’il n’est pas utopique d’être enthousiaste en ce qui concerne la condition humaine, même en restant accroché à l’idée que de son vivant, l’homme ne doit jamais baisser les bras. C’est encore ici que l’on observe le gouffre qui existe entre philosophie et politique. L’une à l’échelle de l’individu et l’autre à celle du peuple, au sens de Hannah Arendt.

Un chemin se dessine toujours

Il serait percutant pour l’homme de passer de son regard face au cours des choses, à son regard face à la modification du cours des choses, parce que vivre c’est s’engager ; comme disait Albert Camus.  L’engagement appelle une responsabilité. Celle qui mène l’homme à modeler son destin sur les principes de justice…Et comme Camus encore, préférons la justice, notre mère. Car il est ainsi question de maintenir le curseur sur les valeurs sûres.

Toutefois, maintenir le cap ne signifie pas être naïf ou adepte de la méthode Coué, car la vie de l’homme est un cheminement aveugle pour partie. C’est pourquoi la vie et la liberté ne trouvent tout leur sens que lorsqu’elles se dédient à l’humanité avant de faire le pari de l’individualité…Mais que de gens reculent au quotidien devant la noblesse d’une telle pensée. Hommage à Mandela ! On comprend finalement que les multiples antagonismes de l’homme en font toute la complexité. Imbécile, il se plait à jouer, en toute bonne conscience, à la roulette russe avec son propre avenir sur Terre. Ce qui impose une réflexion profonde autour d’une question centrale : l’intelligence humaine sauve-t-elle ou détruit-elle le monde ?

Faire le pari de la conscience

Alors que cette interrogation mérite réflexion, l’évidence révèle que l’intelligence humaine est avant tout destructrice. Quel impact sur l’engagement souhaité ? C’est là tout le problème de la conscience face à l’inconscience. Le plus grand défi qui se pose à l’humanité est donc de se repenser, de questionner son existence et de questionner ses réponses dans un contenu profond de responsabilité. Pour se mouvoir avec la société. Pour la postérité.

Beaugrain Doumongue, le socioingénieur

Beaugrain Doumongue est ingénieur du bâtiment, docteur en génie civil et physicien du bâtiment. Il se définit davantage comme un « socioingénieur » du fait de son engagement au profit du développement des bâtiments et villes durables en Afrique. Président de Construire pour demain, association de promotion des bâtiments et villes durables en Afrique, il est aussi cofondateur de Starksolutions, cabinet de conseil en intelligence territoriale et directeur du développement et de la prospective du Groupe scientifique SIGMA.

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